Quarante-huit heures après les attentats qui ont frappé Paris, revendiqués par l’EI, le ministère de la Défense a annoncé que la France avait bombardé et détruit des cibles de l’organisation jihadiste à Raqqa, en Syrie.

Les chasseurs-bombardiers français ont largué 20 bombes sur le fief de l’organisation de l’État islamique (EI) à Raqqa, dans l’est de la Syrie, détruisant un poste de commandement et un camp d’entraînement, a annoncé dimanche 15 novembre le ministère de la Défense.

« Le premier objectif détruit était utilisé par Daech (autre nom de l’EI) comme poste de commandement, centre de recrutement jihadiste et dépôt d’armes et de munitions. Le deuxième objectif abritait un camp d’entraînement terroriste », a précisé le ministère dans un communiqué.

Douze appareils, dont dix chasseurs, ont été engagés simultanément à partir des Émirats arabes unis et de la Jordanie. La France dispose respectivement de six Rafale et six Mirage 2000 dans ces deux pays.

« Planifiée sur des sites préalablement identifiés lors des missions de reconnaissance réalisées par la France, cette opération a été conduite en coordination avec les forces américaines », a précisé le ministère.

« Frapper plus fort en Syrie »

Ces frappes, menées 48 heures après les attaques à Paris, revendiquées par l’EI, qui ont fait 129 morts, vont dans la logique de la volonté de la France de « frapper plus fort en Syrie » selon les mots de Laurent Fabius, le ministre des Affaires étrangères.

Le président François Hollande avait averti samedi que son pays serait « impitoyable » sur tous les terrains, intérieur et extérieur, après les attentats qu’il a qualifiés « d’acte de guerre ».

Les frappes de dimanche soir sont sans commune mesure avec les quatre précédents raids français, qui avaient visé des sites plus au sud en Syrie, à Deir Ezzor.

Les premières frappes françaises en Syrie en septembre avaient ciblé deux centres d’entraînement de jihadistes suceptibles de mener des attaques en Europe. Les cibles ont ensuite été élargies à des sites pétroliers exploités par l’EI et ce dimanche à un poste de commandement.

Coopération renforcée avec les États-Unis

La France, qui participe depuis un an à la coalition internationale contre l’EI en Irak, a décidé en septembre d’élargir ses opérations à la Syrie. Elle affirme avoir gardé son autonomie de décision dans le choix des cibles dans ce pays alors qu’elle est pleinement associée à la coalition internationale en Irak dirigée par Washington.

Le ministre de la Défense français Jean-Yves Le Drian et son homologue américain Ashton Carter ont convenu dimanche d’augmenter le partage de renseignement lors d’un entretien téléphonique. « On travaille à l’intensification des frappes », a-t-on souligné dans l’entourage du ministre français. Depuis deux jours, le travail est « beaucoup plus nourri » avec les États-Unis pour l’identification des cibles.

La France va aussi déployer en décembre le porte-avions Charles-de-Gaulle dans le Golfe qui, avec 24 appareils à bord, triplera sa capacité de frappes. Elle continue en revanche d’exclure toute intervention militaire au sol.

Avec AFP