La Meuse ne connaît pas de phénomène de radicalisation. Mais un séminaire vise à éduquer tous les partenaires et à anticiper les problèmes.
Hassan El Abdullah veut redonner leur noblesse Ă certains mots. Celui de « djihad », par exemple, le mĂ©decin urgentiste, prĂ©sident de SOS Syrie, considère qu’il a Ă©tĂ© « volĂ© ». « Le vrai djihad, pour l’islam, c’est le respect, le respect de soi, le respect des autres, le respect des personnes Ă¢gĂ©es, pas aller tuer des gens », explique celui qui participait, ce jeudi, Ă un sĂ©minaire de prĂ©vention de la radicalisation.
Celui-ci a été voulu par Meuse Grand Sud. Le but est avant tout d’information et de prévention. « Nous sommes peu touchés par le phénomène de la radicalisation en Lorraine », souligne Denys Crolotte, de la Protection judiciaire de la Jeunesse. Son service est amené à intervenir moins d’une dizaine de fois par an en Meuse pour des alertes à la radicalisation.
« Ce sont essentiellement des problèmes éducatifs », nuance-t-il tout de suite. « Pour ces jeunes, c’est une forme de message, des problèmes liés à leur environnement familial. »
« Al QaĂ¯da, des gentils ? »
Deux membres de la cellule de suivi et d’accompagnement des familles, instaurée au sein de la préfecture, confirment : « on a entre cinq et dix cas de jeunes par an. Nous sommes là pour vérifier s’il y a lieu de s’alarmer » (lire par ailleurs).
Alors le sĂ©minaire, tenu Ă la demande des partenaires du conseil intercommunal de sĂ©curitĂ© et de prĂ©vention de la dĂ©linquance (CISPD), a privilĂ©giĂ© une comprĂ©hension du phĂ©nomène et de sa source principale, l’État islamique en Syrie. Une exposition sur les causes du conflit a Ă©tĂ© prĂ©sentĂ©e. Elle part des photos et du tĂ©moignage d’un exilĂ© syrien de 23 ans, Aref Haj Youssef. Des Ă©lus prĂ©sents au sĂ©minaire se sont dits prĂªts Ă l’accueillir.
Pour Hassan El Abdullah, la tĂ¢che Ă©tait de bien faire comprendre comment l’apparition de Daech, l’autre nom de l’État islamique, Ă©tait une crĂ©ation du pouvoir syrien. « Imaginez, on en vient Ă penser qu’Al QaĂ¯da sont des gentils ! », lance celui qui se rend une fois par mois en Syrie, dans les camps de rĂ©fugiĂ©s. « Celui qui va Ă la mosquĂ©e faire sa prière n’est pas dangereux, ajoute-t-il. Les assassins du Bataclan, ce ne sont pas ceux qui allaient Ă la mosquĂ©e. Quand on prend des jeunes sans repères, pour en faire des tueurs, tout va très vite. Le but est de les empĂªcher de rĂ©flĂ©chir. »
Julien BÉNÉTEAU